mercredi 7 novembre 2012

La tripartition du champ temporel comme fait de culture


Examen des termes désignant le présent, le passé et l’avenir dans diverses langues.
L’étude présentée ici n’a de sens, qu’à partir d’un accord de principe sur le statut même de ces trois « instances » du temps. On considère ici que l’articulation entre présent, passé et avenir est au coeur de la perception humaine du temps ; elle est la base même des « cultures du temps », et pas seulement en Occident. Dans les pagodes vietnamiennes, trois figures du Bouddha (Phât), trois divinités associées accueillent les fidèles : Amithaba le Bouddha du présent, Cakyamuni le Bouddha du passé, et Maitreya le Bouddha de l’avenir ; ils sont tantôt représentés côte-à-côte, tantôt même unis dans un tronc commun dont émergent trois têtes à la fois soudées par le cou et distinctes, et qui regardent dans trois directions2. Un autre exemple de cette « ternarité » du temps est relaté par le poète Armand Gatti. Dans le camp d’extermination de Buchenwald où il avait été déporté, trois rabbins avaient mis en scène pour leurs co-détenus une pièce dont les trois personnages qu’ils figuraient s’appelaient Ich bin (je suis), Ich war (j’étais), Ich werde sein (je serai)3 ; il est permis de penser que l’écho de la culture hébraïque du temps restait vigoureux chez ces rabbins persécutés comme « Juifs allemands ». Par leur voix, c’était dans la combinatoire des trois termes fondateurs du temps, que les déportés tombés dans cet abîme de détresse puisaient leur détermination à tenir bon, leur volonté d’être.

Lire la totalité de l'article de Jean Chesneaux Professeur émérite, Université Paris VII (histoire contemporaine de l’Asie orientale ; Directeur d’études, École des Hautes études en sciences sociales ici

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