lundi 13 septembre 2010

Schéma d’analyse de la dynamique relationnelle avec un professeur spirituel

Le texte qui suit n’est qu’une partie de la réflexion d’Alexandre Berzin dans  "WISE TEACHER, WISE STUDENT: Tibetan Approaches to a Healthy Relationship" et il  est la propriété du site «  Les Archives Berzin », nous l’avons reproduit non pour le plagier mais pour vous offrir la possibilité de le découvrir .Nous vous conseillons  de vous rendre sur le site et de lire la totalité de l’article - qui donne un résumé de l'ouvrage -  en cliquant sur ce lien. http://goo.gl/dBFD.

Les six dimensions d’une relation

Nous pouvons analyser la relation, aussi bien du côté de l’élève que de celui du professeur, en termes de six facteurs ou dimensions. S’il y a des problèmes dans la relation, ce schéma peut contribuer à identifier où ils se trouvent, pour que chaque partie puisse essayer de s’ajuster et de s’adapter afin d’obtenir un équilibre plus sain.
Les six facteurs sont :
  1. les faits propres à chaque partie et au cadre de la relation;
  2. le but de la relation pour chaque partie et les facteurs psychologiques qui ont une incidence;
  3. le rôle que chaque partie se définit et définit pour l’autre en termes du jeu de la relation et, de ce fait, les attentes de chacun(e) et comment chacun(e) se sent vis-à-vis de lui-même ou elle-même;
  4. le niveau d’engagement et d’implication de chaque partie;
  5. d’autres facteurs psychologiques propres à chaque partie;
  6. comment la relation fonctionne et l’effet qu’elle a sur chaque partie.
Premièrement : Les faits propres à chaque partie et au cadre de la relation
Les faits propres à chaque partie qui influencent la relation comprennent :
  • le sexe et l’âge,
  • la culture d’origine – asiatique ou occidentale,
  • une langue commune ou le besoin d’un interprète – pour la communication personnelle et/ou les enseignements,
  • si ordonné ou laïc,
  • la fréquence des expositions au Dharma et le niveau d’instruction mondaine,
  • les qualifications pour être professeur ou élève en termes de maturité affective et éthique,
  • la quantité de temps qu’ils ont l’un pour l’autre,
  • le nombre d’autres élèves,
  • si le professeur est résident ou en visite occasionnelle.
Le cadre peut être :
  • un centre de Dharma en Occident – un centre urbain ou résidentiel,
  • si c’est un centre de Dharma, un centre indépendant ou faisant partie d’une large organisation de Dharma,
  • un monastère – en Asie ou en Occident.
Deuxièmement : Le but de la relation pour chaque partie et les facteurs psychologiques qui ont une incidence
Pour les deux parties, dans toute relation, le but de la relation est presque toujours mixte. La relation entre l’élève et le professeur n’y fait pas exception.
L’élève peut venir à un professeur spirituel pour :
  • obtenir des informations et apprendre des faits,
  • apprendre à méditer,
  • travailler sur sa personnalité,
  • améliorer les choses dans cette vie,
  • améliorer ses vies futures,
  • atteindre la libération des renaissances à la récurrence incontrôlable (samsara),
  • atteindre l’illumination pour aider les autres à atteindre la libération et l’illumination équivalentes,
  • apprendre à se détendre,
  • nouer des contacts sociaux avec des élèves partageant les mêmes valeurs,
  • accéder à de l’exotique,
  • trouver un remède miracle à quelque problème physique ou affectif,
  • recevoir son « shoot de Dharma » de la part d’un professeur charismatique divertissant, comme un « junkie du Dharma ».
De plus, l’élève peut se tourner vers le professeur pour y chercher :
  • un encadrement et une inspiration sur la voie bouddhique,
  • une thérapie,
  • un directeur de conscience,
  • un substitut parental,
  • de la reconnaissance,
  • quelqu’un qui lui dise ce qu’il faut faire dans la vie.
Le professeur spirituel, à son tour, peut vouloir :
  • donner des faits,
  • révéler des initiations orales pour préserver le Dharma,
  • travailler sur la personnalité des élèves,
  • semer des graines pour le bénéfice des vies futures des élèves,
  • aider les élèves à obtenir une meilleure renaissance, la libération et l’illumination,
  • construire un centre de Dharma ou un empire de centres de Dharma,
  • gagner des convertis à sa lignée,
  • recevoir de l’argent pour soutenir un monastère en Inde ou en reconstruire un au Tibet,
  • trouver une base sûre en tant que réfugié,
  • gagner sa vie ou s’enrichir,
  • obtenir de la puissance pour dominer les autres,
  • obtenir des avantages sexuels.
Les facteurs psychologiques négatifs ayant une incidence sur les deux parties, comprennent :
  • la solitude,
  • l’ennui,
  • la souffrance,
  • l’insécurité,
  • le désir de suivre une mode,
  • la pression du groupe.
Troisièmement : Le rôle que chacun(e) se définit et définit pour l’autre en termes du jeu de la relation et, donc, les attentes de chacun(e) et comment chacun(e) se sent vis-à-vis de lui-même ou d’elle-même
Le professeur spirituel peut se considérer lui-même ou elle-même, ou l’élève peut considérer le professeur comme :
  • un professeur de bouddhisme qui donne des informations sur le bouddhisme,
  • un instructeur de Dharma qui indique comment appliquer le Dharma à sa vie,
  • un formateur en rites ou en méditation,
  • un mentor spirituel qui confère des vœux,
  • un maître tantrique qui confère des initiations tantriques.
L’élève peut se considérer lui-même ou elle- même, ou le professeur peut considérer l’élève comme :
  • un(e) élève du bouddhisme qui obtient des informations,
  • un(e) élève du Dharma qui apprend comment appliquer le Dharma à sa vie,
  • un(e) stagiaire en méditation ou en rites,
  • un(e) disciple qui a simplement pris des vœux auprès du professeur,
  • un disciple qui est guidé personnellement par le professeur.
Un autre aspect de cette dimension est comment chacun(e) se sent vis-à-vis de lui-même ou d’elle- même du fait de la relation.
L’élève peut se sentir :
  • protégé(e),
  • appartenir à quelqu’un,
  • complet (complète),
  • comblé(e),
  • serviteur,
  • membre d’un culte.
Le professeur spirituel peut se sentir :
  • maître,
  • humble pratiquant(e),
  • sauveur,
  • directeur de conscience,
  • psychologue,
  • administrateur d’un centre de Dharma ou d’un empire de centres de Dharma,
  • soutien financier d’un monastère.
Quatrièmement : Le niveau d’engagement et d’implication de chaque partie dans la relation et les facteurs psychologiques qui ont une incidence
L’élève peut :
  • payer des honoraires fixes, faire des dons ou étudier sans payer ni donner quoique ce soit au professeur,
  • être superficiellement engagé(e) ou profondément impliqué(e) dans le bouddhisme ou envers le professeur et/ou la lignée,
  • avoir l’intention de prendre ou de ne pas prendre de vœux avec le professeur, ou les avoir déjà pris ou pas,
  • se sentir responsable d’aider le professeur,
  • se sentir redevable financièrement,
  • se sentir redevable moralement,
  • avoir le sentiment de devoir être loyal – à cet égard, le rôle de la pression du groupe est important,
  • avoir peur d’aller en enfer s’il ou elle fait quelque chose de mal.
Le professeur spirituel peut :
  • prendre la responsabilité de guider l’élève sur le plan éthique,
  • souhaiter diriger la vie de l’élève et lui dire ce qu’il faut faire,
  • remplir son devoir parce que son propre professeur l’a envoyé(e) là pour enseigner,
  • se considérer comme quelqu’un qui fait son travail.
Les facteurs psychologiques négatifs ayant une incidence sur cette dimension comprennent:
  • la peur de s’engager,
  • la peur de l’autorité, peut-être due à de mauvais traitements vécus dans le passé,
  • le besoin de se rendre utile ou d’être aimé(e),
  • le besoin d’attention,
  • le besoin d’exercer un contrôle sur les autres,
  • le besoin de se prouver quelque chose à soi-même.
Cinquièmement : Autres facteurs psychologiques propres à chaque partie
Ceux-ci incluent, que les parties soient ou ne soient pas :
  • extraverties ou introverties,
  • intellectuelles, affectives ou pieuses,
  • chaleureuses ou distantes,
  • calmes ou irritables,
  • avides de temps et d’attention,
  • jalouses des autres élèves et professeurs,
  • empreintes de peu d’amour propre ou d’arrogance.
Sixièmement : Comment la relation marche et l’effet qu’elle a sur chaque partie
L’élève et le professeur forment-ils ensemble :
  • une bonne ou mauvaise équipe,
  • une équipe dans laquelle chacun(e) fait valoir en l’autre ses meilleures aptitudes ou les empêche de se manifester,
  • une équipe où chacun gaspille le temps de l’autre du fait de différentes attentes,
  • une équipe dans laquelle une structure hiérarchique est maintenue et dans laquelle l’élève se sent exploité(e), surveillé(e) et, donc, inférieur(e) (renforçant ainsi un amour-propre faible) et où le professeur se sent comme une autorité et, donc, supérieur(e) – à noter que ce que l’une des parties ressent ne correspond pas forcément à ce que l’autre partie ressent,
  • une équipe dans laquelle l’une des deux parties, ou les deux, se sent inspirée ou épuisée.
Conclusion
Nous avons besoin d’évaluer la relation entre élève et professeur en termes de chacune des six dimensions et de chacun de leurs facteurs constitutifs. Si les facteurs ne s’accordent pas entre eux, il faut que les deux côtés essaient de les harmoniser et de les ajuster, ou de s’adapter. Si l’un des deux côtés n’est pas réceptif à cette approche de résolution de problème à cause de différences culturelles ou de facteurs affectifs, l’autre côté a besoin, soit de faire les ajustements lui-même ou elle-même, soit de maintenir une distance dans la relation.

Comment se procurer cet ouvrage : Snow lion publications
  • Paperback: 272 pages
  • Publisher: Snow Lion Publications; Reprint edition (June 16, 2010)
  • Language: English
  • ISBN-10: 1559393475
  • ISBN-13: 978-1559393478