dimanche 24 octobre 2010

L'homme est un animal rituel


Pour Wittgenstein, l’homme est un animal rituel. Toute société humaine semble vivre au rythme de rituels qui ponctuent soit des moments de la journée comme le rituel du repas ou le rituel du monde du travail, soit des moments délicats ou sans issues de la vie comme le deuil, la séparation ou la maladie etc. Il est vrai que dans ces cas, le rituel - individuel ou collectif - semble pourvoir un soutien symbolique réel. Pourtant, il nous arrive d’être parfois en présence de personnes qui spécifient vouloir pratiquer zazen mais pas aux rituels. Pensent-elles que rituel se conjugue avec religion ou avec pratique primitive, ou que la pratique de zazen se doit d’être défaite de tout rituel et de toute forme de hiérarchie ? En voulant respecter le souhait de l’autre nous nous abstenons et nous donnons ainsi à leur objection une raison suffisante.
Il est vrai que depuis deux décennies, le zen en Europe se résume à zazen, à la vivacité de l’intuition et au choix de l’immédiateté, en s’appuyant sur le refus de certains maîtres de l’automatisme des rituels au Japon. Il est juste de remettre en question un rituel lorsqu’il est devenu automatique ou un décorum, mais ce qui l’est moins c’est de les minorer pour donner du sens au divorce avec les us et coutumes de nos parents ou parce que l’on adhère à la lettre aux dires de J.J. Rousseau : « Je n'ai pas besoin qu'on m'enseigne de culte, il m'est dicté par la nature elle-même » ou  parce que l'on ne sait pas comment procéder et qu'il faille  cacher cette lacune. Le rituel que nous pratiquons, déjà expurgé du tout japonisant, n’est qu’une célébration qui renvoie à l’appartenance du pratiquant à une tradition – cela devrait rassurer toute personne réservée. C’est la répétition d’un acte sacré qui a été pratiqué par tous les Bouddhas depuis l’Origine. C’est en quelque sorte une répétition du Même. 
Pour ceux qui prônent la pratique de zazen seulement, sachez que c'est aussi un rituel qui peut se transformer en un décorum de plus. Expurger de toute humilité elle  peut aussi mener à certains excès d'intolérance. Le seul moyen habile pour échapper à l’opposition entre un rationalisme étriqué et un mysticisme effréné passe par l'actualisation de la pratique dans sa globalité et la déconstruction de cette idée que l'on puisse détenir le vrai zen.


Première édition samedi 10 mars 2007 à 14:51 sur le blog du Rd. J.Y Pierre Gérard Kakudo

(Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium )
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Rituel : Oryoki